Philosophie

Le thé vert, objet de fascination, donne à l’individu un rôle central ; un peu comme si à travers lui nous étions projetés dans un roman dont nous serions le héros. Pendant la dégustation, la sensation de se retrouver hors du temps et de l’espace nous gagne alors, comme si l’univers finissait par s’offrir à nous. Avec le thé, il n’y a rien que nous puissions refuser, et tout est affaire de respect.

Mais, le thé sait aussi se mettre en valeur, il repousse ses propres frontières et élargit son univers en se développant continuellement, répondant et s’adaptant aux exigences de notre époque contemporaine. Ainsi, mène-t-il une existence libre et paisible.

Saveurs, quiétude, spiritualité, bienfaits thérapeutiques, Beaux-Arts, Artisanat, tradition, religion, culture culinaire, etc ; la Voie du thé (avec ses diverses écoles) est profondément entremêlée avec de très nombreux autres aspects de la société japonaise. Au Japon, on retrouve le caractère  茶(prononcé « t’cha », le thé), dans cette expression très utilisée 日常茶飯事 (nichijô sahan ji) signifiant « usuel, quotidien, journalier ». Cela fait référence à l’omniprésence du thé dans le quotidien des Japonais, leur alimentation, leur mode de vie. On comprend bien alors à quel point le thé pénètre l’existence des Japonais, même si ceux-ci ne sont évidemment pas tous semblables, comme le souligne cette autre expression très courante dans le monde du thé : « Mille personnes, mille façons » (qui correspondrait à notre « tous les goûts sont dans la nature »).

Nous ne savons pas quels sont vos liens avec le thé japonais, ni ce qui vous a amené à vous y intéresser, mais s’il ne fallait vous adresser qu’un seul conseil, cher lecteur, nous vous dirions ceci : « Laissez vous guider, librement, en suivant votre propre inspiration, sur les chemins du thé vert japonais ».

Lorsque des gens se réunissent pour partager ensemble un thé, il n’y a pas lieu de différencier le bol de Matcha des thés verts infusés en kyûsu (théière japonaise) comme le Sencha ou le Gyokuro. Ce qui importe avant tout, c’est que tout le monde puisse déguster et apprécier un bon thé. Autrement dit, partager un Matcha ou partager un Sencha, cela met en jeu des valeurs similaires. Je suis convaincu que c’est là un point fondamental de l’esprit du thé. Par exemple, partager un bol de Matcha permet d’établir des liens de réciprocité forts entre un hôte et ses convives. C’est à travers la Cérémonie du thé japonaise qu’a été concrétisé ce sens aigu de l’hospitalité. Ainsi, les convives et leur hôte peuvent avoir la sensation de découvrir un univers d’une grande profondeur, dans cette petite tasse à thé qu’ils tiennent simplement dans la paume de leurs mains.

Dans la Voie du thé, on retrouve différents courants esthétiques selon les écoles. Parmi ceux-ci, le « wabi-cha », un sens très profond de l’hospitalité à travers le « wabi-sabi », esthétique de la sobriété et de l’impermanence des choses, où l’on accorde une grande importance aux éléments dans leur forme naturelle, et au passage du temps. Mais encore, le « kirei-sabi », une approche plus luxueuse de la Cérémonie du thé. Les codes esthétiques ne sont ainsi pas prédéfinis dans la Voie du thé. Et je vous recommande d’aborder la Voie du thé de façon originale, selon vos propres envies.

Afin de mieux comprendre l’esprit de la Cérémonie du thé, je suis allé à la rencontre des représentants de nombreuses « Écoles de thé », fondateurs, maîtres de thé, moines dans divers temples Zen. Et, bien que je n’aie pas une seule fois pratiqué moi-même la méditation dans un de ces temples Zen, je me suis imprégné de leur atmosphère particulière, et je suis en mesure de vous révéler quelques aspects de cette esprit du Zen qui a inspiré certains courant esthétiques de la Voie du thé.

Lorsque je reçois un client, je n’ai pas d’accessoires fastueux à lui présenter, ni de vaisselles à thé luxuriantes à lui proposer. En revanche, je peux lui révéler bien d’autres trésors, en lui parlant du thé avant tout, et de son histoire. Ce que je peux vous offrir sans limites, c’est une occasion de déguster les meilleurs thés verts, et d’être reçu avec les plus grands égards, sans artifices, ni superflus. Après tout, se dévouer entièrement, corps et âme, à ce que l’on entreprend, à ces moments de partage, en respectant la nature des choses, n’est ce pas cela, l’esprit du thé vert ? De cette façon, nous nous efforçons de transmettre l’esprit du thé vert à travers le monde en proposant les thés de Rishouen, et nous serions très heureux de vous comptez parmi nos clients.

Quoiqu’il en soit, venez au moins prendre une tasse de thé chez nous !

Kôji Kagata